jeudi 7 mai 2009

LA PECHE A AGADIR ET SES CONSEQUENCES


Les souvenirs que je garde sont les bons contacts humains avec tous les usagers du Port d'Agadir, dus certainement à la confiance et au respect qu'ils me témoignaient, mais aussi à l'écoute et la crédibilité de la part de ma hiérarchie et la confiance dont elle m'a créditée Mr TIJANI, Mr HACHAM, Mr ITTOCHANE, Mr RANDAZO, Mr YOUSSEFI, Mr ASLANI et Mr KHALIL.
J'évoque ici une grande personnalité et une grande figure de la pêche à Agadir, le premier marocain ayant exercé le métier de patron de pêche, et premier armateur de pêche marocain, en l'occurrence Mr. Hadj LARGO, précurseur d'Agadir Founti et président du syndicat des armateurs. Je rappel son crédot depuis longtemps de laisser la pêche aux hommes de la mer, et que les sociétés étrangères construisent des usines de transformation et de congélations.

En effet, la pêche en tonnage devenu au fil des années de moins en moins conséquente quantitativement et qualitativement dû aux sociétés japonaises, coréens, espagnoles et russes, pratiquant des techniques destructives et double tonnage péchés.

La zone de la baie d'Agadir était du plus haut point propice à la pêche. La côte se prolonge d'abord vers le sud-ouest, avec les mêmes physionomies qu'au Nord-est d' Essaouira. Les terrasses sous-marines sont vase- sablonneuses étaient pourvues d'une faune considérable.


Aux début des années soixante dix, Agadir était le premier Port Sardinier au Monde

Les sardiniers de Casablanca, d'Essaouira et principalement de Safi venaient tous les ans faire leurs saisons de pêche à la sardine et aux thons. Les chalutiers du nord du Maroc venaient parfois aussi recueillir de gros merlans et aussi d'autres espèces par des fonds de plus de 150 mètres. On pêchait aussi des crustacés (homards, langoustes et langoustines).

La pêche à la ligne était exclusive sur la côte où en mer, mais aussi on capturait à la main les soles et crustacés à la foëne. Les types de pêche on y employé le tramail, l'épervier, le palangre, masse-casier, le chalut et la senne, sans oublier la ligne de fond.

Si l'on excepté la baie d'Agadir avec son port abritée contre les vents du nord par le CapGhir, mais ouverte quant aux brises de l'ouest et du sud-ouest en hiver, la région d'Agadir possédait des points de débarquement de poissons par des canots à rames, comme TIGHERT, AGHROUD, ABOUDA, TAGHAZOUT, TAMRAGHT, TARRASTE, TIFNIT…. Les poissons recueillis étaient innombrables et généralement de belle taille (Bar, Pageot, Dorade, Ombrine, Tassergalt, Calamar) mais aussi les thonidés comme le thon rouge, bonite, melva, listao et bacorette. La raie et la baudroie étaient dédaignées.

Au début, les apports étaient vendus sur la plage et principalement à "Aftasse de Founti", à proximité de la jetée des Saadiens. Une partie du produit est destinée à la consommation locale et l'autre partie était commercialisé vers d'autres régions du Maroc et même vers l'ouest de l'Algérie par l'intermédiaire du transport des chameaux. Les poissons industriels avaient commencés à Agadir au début de l'année 1945 par l'exploitation de 36 Ateliers de salaisons, essentiellement des sardines et des anchois implantés principalement sur la plage de la baie d'Agadir.

Les bateaux de pêche artisanales d'Agadir... le bon vieux temps !!!

Ce type de l'industrie de poissons avait connue une régression pour laisser la place aux usines de conserves à l'huile, à la fin de l'année 1952 seulement trois unités de salaisons étaient opérationnels contre 60 unités de conserves de poissons.

Suite aux résultats optimaux de l'activité du secteur de la pêche maritime dans le Port d' Agadir au cours de l'année 1970, les puissances internationales s'intéressaient aux poissons du sud marocain. Une commission du syndicat professionnel des armateurs à la pêche industrielle d'Agadir en visite à Las Palmas au mois de Janvier 1979 avait constatée que 1.680 bateaux de pêche sont basés au Port de Las Palmas, et la majeure partie de leurs captures provenaient des côtes du sud du Maroc "Agadir à Dakhla". Ces bateaux sont de nationalités différentes :
400 bateaux russes jaugeant chacun de 1.000 à 1.500 tx
300 bateaux coréens et chinois jaugeant chacun de 300 à 500 tx
400 bateaux japonais jaugeant chacun 1.000 tx
050 bateaux italiens jaugeant chacun de 300 à 500 tx
020 bateaux français jaugeant chacun de 300 à 500 tx
300 bateaux espagnols jaugeant chacun de 300 à 500 tx
070 bateaux canariens jaugeant chacun de 50 à 150 tx
060 bateaux de diverses nationalités jaugeant chacun de 200 à 800 tx
080 bateaux de sociétés marocaines et étrangères
Plus des bateaux usines russes et japonais.



Les bateaux de la peche hauturière au Port d'Agadir


D'après le rapport précité, il a été débarqué en 1977 à Las Palmas 3.380.000 tonnes de poissons se composant de thonidés, de céphalopodes et poissons pélagiques, à qui les statistiques espagnoles ajoutaient 1/3 représentant le poisson transbordait dans le Port sans aucun contrôle, ce qui portait le total du poisson pêché en 1977 dans cette région à 4.500.000 tonnes. Cependant le secteur de la pêche maritime appréciable dans le contexte économique souffre depuis quelques années déjà d'un grand nombre de lacunes et déficiences qui ont abouti, à long terme, à une situation s'aggravant de plus en plus.

A maintes reprises la sonnette d'alarme fut tirée, par les professionnels, pour attirer l'attention des responsables sur un tel état de fait et particulièrement sur le déficit enregistré dans le domaine de la pêche, naguère florissant, et qui se répercute sur l'ensemble du pays.La première réaction officielle se matérialise dans la visite effectuée à Agadir, au cours de l'année 1980, par le Premier Ministre Mr. MAATI Bouabid, et au cours de laquelle il prononça un discours et dont lequel il s'engage de concentrer ses efforts sur les objectifs suivants, dans un délai très court :
1°)Renforcer la présence de la garde et la surveillance côtière.
2°)Réalisation d'un programme de renforcement des infrastructures, en particuliers dans le domaine frigorifique.
3°)Réorganiser la commercialisation du poisson tant en ce qui concerne la consommation interne qu'en ce qui concerne le poisson industriel
4°)Améliorer l'efficacité des organismes régionaux et nationaux de gestion maritime.

Au début de l'année 1990, le secteur des pêches maritimes à Agadir était une composante essentielle de l'économie de la région du Souss, et aussi de l'économie nationale à travers sa contribution à l'autosuffisance alimentaire, à l'amélioration de la balance financières et la création de nouveaux emplois. La situation du secteur à cette période comprenait :Une flotte de :234 sardiniers occupant 7.200 salariés (marins-pêcheurs)274 chalutiers occupant 4.110 salariés (marins-pêcheurs)096 palangriers avec 768 salariés (marins-pêcheurs)872 chalutiers congélateurs pour 20.928 salariés (marins-pêcheurs).

Les industries de transformations et les activités annexes comptaient :19 usines de conserves de poissons qui employaient plus de 3.000 salariés08 usines de congélation avec 1.400 employés09 usines de sous-produits qui employaient 500 employés directsPlusieurs activités annexes comme chantiers navals, fabriques de glaces, entrepôts frigorifiques et autres qui employaient plus de 3.000 personnes.Les apports annuels moyens de poissons débarqués au Port d'Agadir sont de l'ordre de 130.000 tonnes, dont 100.000 tonnes de poissons pélagique. L'industrie de transformation absorbe annuellement plus de 80% du poisson pélagique.

Le secteur des pêches maritimes offre d'importantes potentialités en matière d'investissements et d'emplois. Cependant, deux chiffres illustrent le dynamisme de se secteur au cours de l'année 1990, à savoir :
- Pêche côtière : 12 bateaux d'une valeur de plus de 18 millions de Dhs ont été mis en service créant ainsi 360 postes de travail directes.
- Pêche hauturière : 37 unités de pêche importées pour l'équivalent de 802 millions de Dhs, ont permis de créer 404 postes de travail directes.

Il y a lieu de signaler qu'un nouvel emploi en mer induit automatiquement trois autres postes de travail à terre, d'où la possibilité de générer des milliers de postes de travail à l'avenir.Les statistiques de l'année 1992 démontraient la chute des prises. Les unités de pêche d'Agadir sont obligées de fréquenter les zones sahariennes faute de poissons dans la région d'Agadir. Depuis plusieurs années et près des côtes, les chalutiers toutes catégories confondues travaillaient sans discontinué, et ne respectaient pas les zones de pêche interdites, ainsi que la mise en place des tramails (filet maillant de fond, fixe et dérivant de surface), cette pratique favorisait la destruction des espèces au lieu de faciliter un repeuplement naturel.

Il était important de prendre des mesures de protection pour les espèces qui ont une tendance naturelle à se multiplier. Il était indispensable de remettre en service les gardes-pêche, avec une surveillance aérienne, ce qui permettrait à la faune de se reproduire, sinon ce sera l'agonie pour l'avenir de la pêche en général et la disparition des pêcheurs à la ligne, sans oublié tous les villages limitrophes qui vivent du produit de la pêche.


E. Brahim